Bon, on peut dire qu'on s'en sort très, très bien sur cette première mi-temps où on ne peut retenir que les 5-10 dernières minutes plus enlevées. Pour le reste, tout est à jeter.
RLB a pourtant appliqué le plan de jeu qu'il avait globalement annoncé en conférence de presse, et on retrouve tous les points qu'il évoquait : l'importance de défendre bas pour limiter les espaces dans le dos de la défense (au risque d'abandonner totalement le ballon à l'adversaire, mais à quoi ça sert de toute façon ce machin sphérique ?), une animation qui ouvre moins le jeu et qui se contente de balancer des ballons verticalement. A vrai dire, j'imaginais qu'on aurait au moins la décence d'essayer de trouver des relais par le milieu, de chercher des sorties de balle bien travaillées... mais même pas. On a joué pendant quasiment 40 minutes comme une équipe de Nationale recevant le PSG en match de coupe, à envoyer des sacoches devant pour des attaquants qui ne sont même pas taillés pour.
Pagis a été invisible, mais franchement comment lui en vouloir ? C'est un attaquant qui s'appuie davantage sur ses déplacements et son toucher de balle, pourquoi persister à l'aligner sur une aile où il est moins à l'aise, et où il passe son temps à combler les trous et à courir après le ballon ? Kroupi en pointe, dans un match où on essaie juste de mettre des ballons longs, à quoi ça peut nous servir ? On n'a vu notre pépite se mettre en avant que quand on a commencé à jouer un peu plus au sol. Quant à Tosin, il se dépouille toujours autant, mais il serait sans doute plus utile en pointe pour finir les actions : il ne pourra pas compter à chaque fois sur les défenseurs rennais pour faire le job.
Par contre, sincèrement, cette bouillie de football doit interpeller. La fameuse "maîtrise" qu'on recherchait a été illusoire, tant on a pris l'eau sur quasiment toutes les accélérations rennaises. On a tenu sur le fil, mais Blas a enrhumé tout le côté gauche à trois ou quatre reprises, emmenant sur un geste Touré et Yongwa pour se libérer le chemin du but. A droite, Le Bris est en asphyxie et ses relances sont pour le moins catastrophiques, ce qui amène l'égalisation rennaise. Il manque de poids dans les duels, manque de jus dans les courses offensives, manque de vision sur les relances... Résultat, la charnière centrale est au supplice, contrainte de réaliser des interventions à l'arrache, des tacles désespérés pour arrêter des frappes tirées dans l'axe à 18-20 mètres, alors qu'on est censés avoir une densité de joueurs nous permettant précisément d'éviter cela... Talbi et Mendy se distinguent particulièrement, Touré affichant encore des sautes de concentration derrière, notamment dans le jeu aérien.
Le milieu de terrain censé nous apporter un peu plus de stabilité a été très vite dépassé par les accélérations sur les ailes, et contraint de reculer, voire de venir gonfler les rangs derrière tant la défense semblait sur le point de rompre. A la relance, Abergel et Bakayoko se marchent dessus, sont incapables de trouver une bonne solution pour remonter le ballon, et souvent finissent par allonger en vain, en espérant se donner de l'air. On ne sent pas du tout la sérénité et la force d'un bloc cohérent qui forcerait les Rennais à contourner l'obstacle. Au contraire, on a même vu des passes de Le Fée depuis sa position basse réussir à transpercer tranquillement notre milieu pour trouver des joueurs offensifs démarqués. Incroyable.
Offensivement, c'est assez déstabilisant d'observer cette négation de football avec les joueurs à disposition, et c'est encore plus déstabilisant de se dire qu'on arrive à marquer deux buts dans ces circonstances. J'en viens presque à regretter qu'on ait l'avantage à la marque, parce que ça veut dire qu'on va revenir sur la pelouse pour défendre, et qu'on risque de revoir la même bouillie. Parmi les points positifs, on peut quand même retenir les dépassements de fonction de F. Mendy, qui a été un des rares à défendre en avançant, à récupérer le ballon, à casser les lignes et à essayer d'apporter le danger. Il tente des renversements de jeu, des centres, des déplacements... C'est évidemment difficile vu son profil, mais c'est le seul à mettre un peu le feu sur le couloir droit. Il a été plutôt bien imité en fin de mi-temps par Touré, qui concrétise sa montée par un but improbable, mais ces deux joueurs sont symptomatiques de l'absence de solutions à la construction au milieu de terrain. Si on doit compter sur deux DC pour venir apporter le danger dans la surface, c'est qu'il y a un souci d'ensemble.
Souci dont RLB semble se satisfaire.
Attention à ce que l'enjeu ne l'emporte pas sur le jeu, car on abandonne totalement nos principes pour obtenir un résultat. J'espérais que cette conférence de presse serait tempérée par un sursaut d'orgueil de la part de RLB et des joueurs. Je suis effrayé de constater que c'est encore pire que je l'espérais...
Allez, bonne deuxième mi-temps à tous !
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